vendredi 31 janvier 2014

Chronique 2 de Madrid - Un perpétuel été

Le lendemain, je me prépare à faire ma vie dans la capitale endormie. Après avoir réfuté, débattu puis accepté mon statut de touriste, j’envisage une visite organisée de la ville. Direction la Plaza Mayor.

Dès ma sortie de l’auberge, je suis happée par une foule téméraire qui se meut, parapluie contre parapluie. Me voilà à jouer des coudes tout le long du chemin! À croire qu’une invasion a eu lieu pendant la nuit.

Arrivée à destination, j’intègre un groupe et passe 2h à me délecter de ce petit accent espagnol courant sur la langue de Shakespeare. Quant aux Espagnols s’exprimant dans leur langue natale, c’est à tomber ! Bien sûr que si, j’écoute ce que dit le guide. De temps en temps.

Enivrée par le potentiel érotique de cette langue, je poursuis mon chemin de calle en calle au fil des jours.

J’ouvre mon palais au churros, mon porte-monnaie aux dépenses dérisoires, mon amitié aux Madrilènes de passage ou de toujours.
Ainsi, je commence mon apprentissage de l’espagnol. Une petite fille de 10 ans me fait répéter les jours de la semaine. Lunes, Martes, Miércoles et dire que j’ai suspendu ma lecture de Voltaire 2h plus tôt, la chute est rude… jueves, viernes… là, on arrive aux plus faciles… sábado et domingo. Ma professeure semble satisfaite de son élève.
J’apprends également des choses utiles comme « un vasso de Rioja, por favor ». Rien à y faire, je ne serai jamais catholique devant les églises.

Je vis à l’heure optimiste.
J’ai notamment fait buguer mes 2 messageries. Ne comprenant pas le message de sécurité qui s’affichait, il semblerait que j’ai cliqué sur le mauvais bouton.

Je prends le temps d’admirer Guernica, la surprise à laquelle je ne m’attendais pas. Et surtout des Miro, des Goya.

Mais je m’égare. Il est l’heure des tapas et de la cerveza !


« Un p’tit coin d’parapluie contre un coin d’paradis … » (Georges Brassens, Le parapluie)


Madrid San Ginès - churros - té / thé


« A li’l bit of my ‘brella for a bit of paradise … » (Georges Brassens, « The Umbrella »)


Chronicle 2 of Madrid – An Eternal Summer

The day after, I’m getting ready to do my own things in the sleeping capital. After having rejected my status of tourist, then debated it, and finally accepted it, I’m planning to do a city tour. Direction Plaza Mayor.

As soon as I get out of the hostel, a determined moving crowd, umbrella to umbrella, swallows me. Here I am, trying to make my way to my goal. It’s like the city got invaded through the night.

Arrived at my destination, I squeeze in a group and enjoy 2 hours of listening this little Spanish accent running on Shakespeare’s language. Also, when Spanish speak in their native language, that is smashing! Don’t think I don’t listen a word of the guide’s explanations. Because I do! Really. Sometimes.

Intoxicated by the sexual power of this language, I go on my way from calle to calle day after day.

I lead myself in churros, my wallet in minimal expenditures, my friendship in Madrilenos for a moment or forever.

So I begin my learning of Spanish. A 10 years old girl teaches me the days of the week. Lunes, Martes, Miércoles… knowing that I left my reading of Voltaire 2 hours ago, the fall is abrupt… jueves, viernes… here come the easiest ones… sábado and domingo. My teacher is quite satisfied with her pupil.
I also learn some more useful things like « un vasso de Rioja, por favor ». And, nothing to do for it, I’ll never be a catholic, particularly in front of churches.

Happy go lucky.
I got my 2 e-mail accounts to freeze. I didn’t get the security messages that popped up in Spanish. It seems like I clicked on the wrong button. Twice.

I take my time to admire “Guernica”, the surprise I didn’t expected to see. Then, mostly Miro and Goya paintings.

But I digress. It is tapas and cerveza time!

mercredi 22 janvier 2014

Chronique 1 de Madrid – L’hiver


C’est l’hiver. Tout le monde part en vacances. Le besoin de soleil, de découvertes, de dépaysement. Et si, moi aussi, je partais ? Pour un budget des plus enviables, bien sûr.

Je tape « vol low cost départ paris ». J’irais bien à… Naples… ou Istanbul… non, j’ai trouvé ! Athènes. Athènes, c’est bien, c’est beau, c’est… à ce prix ???! Mais je croyais que c’était la crise ???!

Reprenons depuis le départ. Critère n°1 : le coût. Je coche « classement par ordre croissant ». Apparaît la première option. Madrid. Tiens, et pourquoi pas Madrid ?

Ne jamais sous-estimer la cruauté des compagnies aériennes. À peine arrivée au poste de contrôle de sécurité, l’hôtesse me fait remarquer qu’un bagage en cabine, c’est un bagage, pas un bagage et un sac à main. Déjà que j’ai eu du mal à la distinguer derrière mes lunettes noires, je la trouve complètement inhumaine de me demander ça un 1er janvier au matin. J’obtempère et m’assoie sur ma valise afin de comprimer le tout sous les regards amusés des autres passagers qui ont – allez comprendre pourquoi – l’air plus frais que moi.

Quelques heures plus tard, je me rends au Prado. Choix doublement justifié. 
1/ Échapper à la pluie.
2/ Me tenir éveillée jusqu’au soir.

Pas très bien éclairé par ici, dîtes donc. Ah si seulement j’étais lovée dans une couette bien douillette… dans une couette bien… dans une couette… Mais où suis-je donc ? Ah oui, c’est vrai. Le Prado. C’est ça Le Prado ? Je vérifie plusieurs fois. On ne sait jamais ; en partant à la dernière minute, je n’ai pas eu le temps de faire des recherches imagées sur ma destination ni d’en étudier le guide. Je veux donc bien que ce bâtiment soit le musée le plus connu d’Espagne, mais, où en sont les visiteurs ? Sans doute au chaud à l’intérieur. J’appuie sur le battant d’une porte qui… ne s’ouvre pas. Je renouvelle la démarche sur un autre. Idem. Je recule d’un pas. Il fait vraiment sombre ici. Je me penche sur l’affichage des horaires. « Fermé le 1er janvier ». En y réfléchissant, c’est vrai que ça a plus l’air fermé qu’ouvert. Je laisse tomber ma tentative d’érudition, et m’en vais vagabonder dans les rues désertes. Qui n’a pas connu un 1er janvier à Madrid ne connaît rien de la solitude hivernale.

ours à la couronne


Chronicle 1 of Madrid – Winter

It’s winter. Everybody is going on vacation. The need of sun, of discovery, of expatriation. Why would everybody go but not me? Let’s do it. I’ll find a good deal, for sure.

I type « low cost flight departure paris ». I’d like to go to… Naples… or Istanbul… or… I know ! Athens. Athens is a good idea, it’s beautiful, it’s… at that price???! I thought they were hit by the crisis???!

Let’s do it again. Criteria n°1 : the cost. I check « sorted in ascending order ». The first option appears. Madrid. Madrid… Why not Madrid?!

Never underestimate the cruelty of airlines. As I just get to the security, the stewardess lets me know that one cabin bag is accepted, not one cabin bag plus one handbag. First, I have to say that I could hardly distinguish her through my sunglasses, and then I think it is really inhuman to ask me that on January, 1st in the morning. I do what she tells me and sit down on my luggage in order to squeeze everything in it, trying not to look at the other passengers funny looks (I don’t know why they all look fresher than me… Wasn’t it New Year’s Eve for them too yesterday night??!)

A few hours later, I’m heading to the Prado. 2 good reasons for this choice.
1/ To escape the rain.
2/ To stay awake until it’s a decent time to go to bed.

Not really well lighted here… Ah… If only I would lie under a warm and cozy blanket… cozy blanket… blanket… Where the hell am I? At the Prado. True. Am I right, at The Prado? I check several times. We never know. Having booked last minute, I didn’t get the time to look for pictures of the city, or even to open my city guide. I guess this huge and flat building must be the most famous Spanish museum, but where are all the visitors? They must be inside, staying warm. I push a door leaf… that doesn’t open. I repeat the gesture on another leaf. The same. I step backward. It’s really dark here. I lean over the time display. “Closed on January, 1st”. Thinking of it, it is true that it seems more closed than open. I drop my erudition attempt to roam through deserted streets. Who hasn’t known 1 January in Madrid doesn’t know anything about winter loneliness. 

vendredi 10 janvier 2014

D’une année sur l’autre


La nouvelle année s’ouvre par la tâche la plus ardue des 12 mois à venir.

Il ne s’agit pas de dresser ma liste de bonnes résolutions. Pas non plus de faire le tour de mon carnet d’adresse afin de souhaiter de bons vœux et tout ce que mon imagination peut offrir en bonté.

La tâche la plus ardue de l’année, c’est trouver un nouvel agenda.

Généralement, l’histoire commence avant.

Par exemple, mi-novembre. Mi-novembre, je traîne, j’admire la papeterie. Je pense que 2014, c’est loin. Qu’il y aura beaucoup plus de choix plus tard.

Entre la mi et la fin décembre, je m’aventure admirer les carnets de toutes sortes pour prendre une bouffée d’oxygène au cours d’après-midis cadeaux. Tout l’argent dépensé pour les autres déculpabilise d’envisager d’en dépenser pour soi.

Puis, il y a les vacances. Et début janvier. Début janvier où mon organisation relève du défi, où mes rendez-vous sont notés dans des coins de feuille oubliés, où je finis par tout regrouper. Je m’attèle à découper ces petits bouts de papier pour les déposer sur une autre feuille, je les colle dans l’ordre et j’en admire le résultat tout à fait digne des Beaux Arts mouvance Do It Yourself. Malgré tout, je ne suis pas certaine de pouvoir m’octroyer une séance découpage-collage un jour sur deux. Ni même que les parties extérieures se rendent compte de la virtuosité de ce système de récupération. Je l’ignorais jusqu’à présent, mais j’aurais dû être ingénieure en recyclage.

Plus d’alternative possible, je reviens à mes beaux rayons papeterie pour chercher un agenda, un vrai.

Horreur ! Ils sont tous hideux ! Trop petits, trop gros, pages trop fines, papier trop jauni, couvertures trop vieillottes, trop lourds… Je suis consternée.

Il ne me reste qu’une solution. Le pragmatisme.


agendas, calendriers and co