samedi 3 mars 2012

Comment écrire un roman en 1 mois en 10 leçons


1/ Faire un plan d’action
Parce que pour écrire un roman - même de 30 à 50 pages - en un mois, il faut être sacrément organisé. Enfin, c’est ce que je pense. Il faut avoir une idée claire et précise de la façon dont ces 31 petits jours vont se découper, et surtout se préparer à une vie d’ascète. J’ai en tête l’image d’un moine retiré dans les hauteurs vertigineuses du Tibet et dont la solitude lui permet d’accéder à une méditation infinie. Je m’imagine me lever à 5h du matin, me draper dans une toge couleur du soleil faute que ce dernier ne se soit déjà levé, et parcourir plusieurs kilomètres, gravissant une montagne escarpée, afin d’être éloignée de tout type de civilisation pour enfin trouver une avancée rocheuse dominant toute la vallée jusqu’au bout du bout, où j’élierais domicile pour la journée à venir. Assise en lotus, je sortirais mon ordinateur et mes réserves de Maltesers et de crocodiles. On rembobine. On est encore au début du mois, ça va. Il est 11h55, ça va moins. Je file à la douche, saute dans mes habits, mets de l’eau à bouillir et mon thé à infuser, allume mon ordinateur, passe à la cuisine chercher mon thé, reviens devant l’ordinateur et ouvre Word. Il faut s’y mettre.

2/ Trouver une ligne directrice
Word est ouvert et la page est si resplendissante de blanc que je me demande si ça ne finira pas par me faire des sessions de luminothérapie à force de rester devant sans bouger le petit doigt. Ayant depuis longtemps fait la chasse à tout réveil dont la mécanique serait trop sonore, j’entends un tic tac, mais intérieur. Après avoir descendu mon troisième thé sans me sentir pour autant plus réveillée, j’essaye de me prendre en main. Je maudis les organisateurs du concours d’avoir laissé le thème libre car, en plus de trouver un sujet, il faut que je trouve un thème. Je me demande aussi si la théine ne serait pas plus un dérivé de la morphine que de la caféine. Je cherche toujours une idée brillante. Au fond, si je ne trouve rien, je finirai par inventer une vie palpitante à mon arrière grand-mère.

3/ Faire un plan
Plan d’action, plan d’avenir, tout ça me semble bien plan-plan.

4/ Penser à la récompense
Quand on se fixe des challenges, il faut toujours fixer la carotte au bout du bâton. Et s’il n’y en a pas, il est ultra nécessaire de s’en créer une. Par exemple, si je réussis, je pars en week-end. Enfin, je le ferai plus tard, quand j’aurai le temps, et en attendant, je m’offre un paquet de Haribo. En l’occurrence, il y a une récompense promise au gagnant du concours. Je la mets dans une balance et essaie de voir de quel côté ça penche. Le problème, c’est que ça penche plutôt du côté « pas terrible », sauf que si j’en prends trop conscience, je ne vais rien écrire, alors j’essaie de me persuader que la récompense penche sans hésitation du côté « super génial ».

5/ Réussir une accroche
Trouver une bonne accroche, c’est comme avoir un bon hameçon au bout de sa ligne, sinon, ça ne sert à rien d’aller à la pêche.

6/ Se dire que c’est bien parti et qu’il est donc l’heure d’aller goûter
Après avoir franchi toutes ces étapes cruciales, telle un grimpeur devinant le sommet du col, une pause s’impose. Je me dis qu’il faut être bon avec soi-même en contemplant la brioche aux pralines devant moi. En fait, je crois que je n’ai pas fait que la contempler. Je l’ai bien entamée.

7/ Se dire qu’il faut quand même en mettre un coup
Je ferais bien une sieste mais résiste. Un roman, ce n’est pas si compliqué à écrire. Au fond, ce n’est qu’une succession de pages, plus ou moins remplies. Je réfléchis notamment à adopter la stratégie de la page efficace, celle qui consiste à écrire trois lignes sur la dernière page du chapitre, histoire de gagner de la place.

8/ Penser psychologie
Un roman est surtout une question de personnage(s). L’essentiel est de connaître combien de personnages je mets en scène, ce qu’ils font et ce qu’ils pensent, et quelles interactions ils ont. J’imagine mon arrière grand-mère conversant avec l’Archiduc d’Alagadoue dans un salon de style Bonaparte, pensant avec nostalgie à sa gouvernante anglaise qui lui apprit si bien à tenir sa tasse de thé avec grâce, élégance et délicatesse. J’imagine mon arrière grand-mère défiant le regard des hommes réactionnaires, mini-jupe à l’appui, en se rendant à une manifestation féministe. J’imagine mon arrière grand-mère exploratrice européenne partie à la conquête de la nouvelle Amérique se retrouver dans une tribu indienne l’entraînant dans une danse rituelle au rythme effréné à la limite de l’hypnotique avec l’aide de psychotropes qui l’auront faite entrer dans une transe folle. J’imagine mon arrière grand-mère, recluse de la société, vivant dans un Londres crasseux et terrifiant, complice de Jack l’éventreur…

9/ Ne pas penser psychologie
Ayant vérifié que Jack ne se cachait derrière aucune de mes portes, je reviens à mon bureau, frappée par l’aspect champ de bataille de mes feuilles de brouillon. Je me dis que je n’ai peut-être pas découvert la psychologie de ma potentielle arrière grand-mère en la mettant dans certaines situations. En même temps, notre ami Sartre nous a bien fait remarquer qu’on ne se définissait que par nos actions… Et si je faisais de mon arrière grand-mère un nouveau Castor ?

10/ Se retrouver 3 jours avant la Dead line et se transformer en poule pondeuse
No comment, thanks. 





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