dimanche 11 mars 2012

Avec le temps, va, tout s’en va


À mon réveil, je me suis regardée dans la glace. Yeux gonflés, premières rides.

Je me suis dirigée vers la fenêtre. J’ai écrasé mon visage contre la vitre et mon esprit dans la contemplation. J’ai vu les nuages qui couraient dans le ciel.

Je suis sortie dans le jardin. Rosiers et fushias avaient leur tête d’hiver.

Je suis sortie dans la rue. Les gens avaient leurs yeux d’hiver.

Je me suis arrêtée devant le marchand de journaux, happée par ces millions de lignes d’encre fraîche qui dansaient devant moi. J’ai vu l’encre se dissoudre sur le papier et se reformer aussitôt en d’autres lettres. J’ai vu l’encre jouer avec l’actualité.

Je suis passée devant le pâtissier, j’ai vu les tartes aux pommes rivaliser de doré avec les Paris-Brest. Je suis passée devant le maraîcher, j’ai vu arriver la nouvelle fournée de betteraves cuites au four. Je me suis demandée si le pâtissier ne se nourrissait que de tartes aux pommes et de Paris-Brest et le maraîcher que de betteraves cuites au four pour écouler leur stock.

Je suis passée devant le fabricant de parquet. L’arbre qui était avant-hier arbre et hier tronc est aujourd’hui planches grossières et sera demain lames de parquet. Je me suis dit qu’un arbre n’avait pas intérêt à être trop sentimental ni trop attaché à son apparence.

Il y a des jours où je n’ai pas tellement d’humour.
Il y a des jours où Ferré chante dans ma tête.

J’ai continué à marcher et puis, au beau milieu de la rue déserte, j’ai remarqué un couple de petits vieux assis sur un banc. Leurs mains fripées tenaient un grand magazine sportif. Ils avaient élu domicile à cet endroit pour quelques heures sûrement parce qu’à les regarder décortiquer chaque article et rire, on aurait dit qu’il ne leur manquait que leur tasse de thé et peut-être aussi un repose-pied.



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